Citations dominicales part. 91

– Tu fais donc partie de la catégorie des frustrés latents non satisfaits de leur sort et qui ne font rien pour en changer.

– Pourquoi tu me dis ça ? … Tu as l’air bien au courant de cette catégorie en tout cas.

– Oui, elle n’est pas loin de celle des spectateurs légumes, c’est vrai.

Slaloms de Lewis Trondheim

Citations dominicales part. 60

Il aurait voulu aimer d’avantage ses semblable mais, pour une raison inconnue, il ne s’entendait pas avec eux. Si la vie avait été une réception privée, il n’aurait même pas eu sa place dans l’office. Il enviait ceux qui parvenaient déjà à mettre le pied dans la cuisine. Jeremie faisait de gros efforts pour être intéressant. Il était hélas de ces gens qui, décidés à être intéressant cherchent d’abord à dénicher la manuel comment devenir intéressant puis à voir s’il n’existe pas des cours en la matière.

Terry Pratchett – Les annales du disque monde  T. 27 : Procrastination

Citations dominicales part. 57

La première question qu’ils posent est : « pourquoi Wen l’éternel surpris ? »

Et on leur répond : « Wen s’est penché sur la nature du temps et a compris que l’univers est recréé à chaque nouvel instant qui passe. Donc, en a-t-il déduit, il n’existe en vérité pas de passé, seulement un souvenir du passé. Clignez des yeux, et le monde que vous allez voir ensuite n’existait pas quand vous les aviez fermé. Donc, a-t-il conclu la seul attitude que l’esprit doive adopter est la surprise. »

Terry Pratchett. Les annales du disque monde T.27 : Procrastination

Citations dominicales part. 37

Ainsi l’Université obtenait-elle le principe actif nécessaire à la confection des pilules qu’on administrait à l’économe afin qu’il garde sa raison. En réalité, il la perdait irrémédiablement et souffrait d’hallucinations quasi permanentes, mais, en champions toutes catégories de la pensée latérale ses collègues mages s’étaient dit qu’ils régleraient son cas s’ils parvenaient à trouver une formule provoquant chez lui l’hallucination d’être parfaitement sain d’esprit [une hallucination très commune que partagent la plupart des gens].

Il existe, dit-on, deux sortes de gens dans le monde. Ceux qui, quand on leur présente un verre exactement à moitié plein, disent : ce verre est à moitié plein. Et puis ceux qui disent : ce verre est à moitié vide.

Le monde appartient toutefois à ceux qui regardent le verre et disent : Qu’est ce qu’il a, ce verre ? De quoi ? De quoi ? C’est mon verre, ça ? Ça m’étonnerait. Mon verre à moi était plein ! Et plus grand !

Et, à l’autre bout du bistro, le monde est peuplé de l’autre sorte de gens. Qui ont un verre cassé, ou un verre renversé malencontreusement (le plus souvent par un de ceux qui réclament un plus grand verre), ou pas de verre du tout parce qu’ils étaient derrière tout le monde et n’ont pas su retenir l’attention du serveur.

Terry Pratchett – Les annales du Disque-Monde T. 26 : La vérité

Citations Dominicales part. 25

La maternité est devenue l’expérience féminine incontournable, valorisée entre toutes : donner la vie, c’est fantastique. La propagande « pro-maternité » a rarement été aussi tapageuse. Foutage de gueule, méthode contemporaine et systématique de la double contrainte : « faites de enfants c’est fantastique vous vous sentirez plus femme et accomplies que jamais » mais faites-les dans une société en dégringolade, où le travail salarié est une condition de survie sociale, mais n’est garanti pour personne, et surtout pas pour les femmes. Enfantez dans des villes où le logement est précaire, où l’école démissionne, où les enfants sont soumis aux agressions mentales via la pub, la télé, internet, les marchands de sodas et confères. Sans enfant, pas de bonheur féminin, mais élever des gamins dans des conditions décentes sera quasi impossible.

Partant des images inacceptables d’une prostitution pratiquée dans des conditions dégueulasses, on tire des conclusions sur le sexe tarifé dans son ensemble. C’est aussi pertinent que de parler du travail du textile en ne montrant que des enfants embauchés au noir dans des caves.

On demande trop souvent au porno d’être l’image du réel. Comme si ça n’était plus du cinéma. On reproche par exemple aux actrices de simuler le plaisir. Elles sont la pour ça, elles sont payées pour ça, elles ont appris à le faire. Le porno devrait dire la vérité. Ce qu’on ne demande jamais au cinéma, technique de l’illusion par essence.

King kong Theorie de Virginie Despentes

Citations Dominicales part. 23

– Monsieur, l’amour est un sentiment que chacun a en soi. Et s’il ne s’exprime pas avec la première personne rencontrée il peut l’être avec la seconde ou la troisième. L’équilibre se trouve mais il faut parfois du temps.

– Que me chantez-vous là, Alex ? Si notre premier amour nous échappe, il est impossible d’aimer après.

– L’amour qu’on a d’un livre est plus réel que l’amour que se vouent les personnages à l’intérieur. Dans la vie réelle, l’amour n’est pas un pétard qui explose une fois mais plutôt des cascades sur le cours d’un ruisseau. Certains ruisseaux ont des chapelets de cascades, d’autres forment un torrent continu, d’autres encore ont une chute majestueuse. Tout est possible. Cela dépend des accidents de terrain qu’ils rencontrent… Mais ils ont tous en eux la possibilité de chanter au moindre  dévers. Monsieur est un jeune ruisseau qui dévale sa première pente raide… Ça secoue et ça clapote voilà tout.

– Certes… et quels remèdes y a-t-il à l’amour ?

– S’il n’est pas comblé il n’y a que deux choses… Tout d’abord, l’oubli de l’être aimé.

– Non, non… tout à fait impossible… définitivement non ! Quelle est la seconde ?

– La mort.

– Mmm… l’oubli… Pas si bête.

Les formidables aventures de Lapinot T.5 : Vacances de printemps de Lewis Trondheim

– Dites, euh… J’aurais une question un peu délicate à vous poser. C’est à dire que… euh… mettons que vous trouviez un million dans la rue, qu’est-ce que vous feriez ?

– Moi, ça m’est déjà arrivé… J’ai fait une super nouba, un voyage sur la lune et puis je me suis réveiller.

– Moi, je préviens la presse, je monte sur le plus haut immeuble de la ville, je balance mon million de billets dans le vide devant tout le monde puis j’écris un livre sur mon aventure et je gagne au moins deux millions !!!

– Merci Richard. Je me doutais que tu sortirais une ânerie comme ça.

Les formidables aventures de Lapinot T.4 : Amour et Intérim de Lewis Trondheim

Citations Dominicales part. 22

– Non seulement vous vous installez ensemble mais en plus vous allez travailler ensemble… Ca va être du 24 heures sur 24 ensemble… Vous n’aurez rien à vous raconter le soir… Vous allez vite saturer l’un de l’autre. Deux personnes ont besoin d’oxygène et d’indépendance.
– On croirait entendre Titi qui se justifie de passer d’une fille à une autre…
– Bin justement… On a discuté au téléphone et il dit qu’il faut que vous fassiez gaffe tous les deux. L’odeur qu’on sent en enfer c’est pas le souffre et la couleur de l’enfer c’est pas le rouge. Il dit qu’en enfer il n’y a pas d’odeurs, il n’y a pas de tortures, il n’y a rien parce que l’Homme s’habitue à tous les excès mais pas à la monotonie. Alors, là bas, la vraie souffrance c’est d’être tout seul pour toujours dans un gris uniforme.
-En gros, il dit que vivre le quotidien avec Nadia sera un avant goût de l’enfer et qu’il faut que je la quitte.

Les formidables aventures de Lapinot T.7 : La couleur de l’enfer de Lewis Trondheim

– Alors ? Ils vous ont plu nos petits courts métrages ?
– C’est quand même très « tendance ».
– C’est vrai, il y en a de plus en plus qui font des petites choses comme ça…
– Ce qui pose le problème de l’art. Est-ce parce qu’on a les moyens de s’exprimer que l’on doit les utiliser ou parce qu’on a envie de s’exprimer qu’on doit ensuite chercher par quel moyen y parvenir ? La démocratisation des moyens d’expression ne nuit-elle pas à la création elle-même ? Adoptée par le plus grand nombre, la création ne devient-elle pas vulgaire ? Et enfin, allons nous inéluctablement vers une société où tout le monde sera artiste ?
– Toi tu cherches à nous décourager, à nous humilier et à nous rabaisser.
– C’est pas vrai… juste à vous humilier.

Les formidables aventures sans Lapinot T.3 : Cyberculture mon amour de Lewis Trondheim

Citations Dominicales part. 21

– Non
– Non ?
– Désolé, Non.
– Oh que si.
– La première fois qu’on s’est embrassés, c’était pas de cette façon. C’était pas comme ça.
– Mon pauvre, su tu commences déjà à oublier ce qui s’est passé deux mois plus tôt, dans un an, tu vas me confondre avec la boulangère. Techniquement c’était pareil. C’est juste l’émotion du premier baiser qui n’est plus là.
– Déjà ? Je crois que je préfère ma relation avec ma boulangère alors… elle est plus stable.

– Qui c’est celui-là ? Il n’a pas une tronche d’amoureux de la vie.
– Jean-benoit Grisemine… Un type qui veut initier l’idée du baroud d’honneur révolutionnaire. Il propose que les gens qui sont au bord de la mort à cause de diverses maladies, comme lui, tuent ou fassent une action d’éclat contre quelque chose qui les révolte dans la société.
– Joyeux bordel en perspective… et tu vas vraiment faire passer ça à la télé ?
– Non, celui-là n’est pas du tout dans le ton.
– Moi, j’aime bien celui du type qui veut écrire un roman depuis 20 ans mais il est tellement parano qu’il lit tout ce qui a été fait dans le domaine qui le concerne pour être sur de faire une oeuvre originale. Et il vérifie tellement tout qu’il n’a pas eu la temps d’écrire une ligne.


Les formidables aventures de Lapinot T.6 : Pour de vrai
de Lewis Trondheim

Citations Dominicales part. 9

PETER, DE MT. DESERT ISLAND, ME : Quel est le roman dont vous êtes le plus fière ?
HADES SHUFFLIN : En général, les écrivains possèdent une réponse toute faite à ce genre de titillation amicale, un balbutiement typique du style « celui qui n’est pas encore écrit », mais je vous épargnerai pareille trivialité. Mon unique ambition est de provoquer l’émerveillement du lecteur. Je considère cela comme un devoir sacré. Ouvrez la porte et retenez votre souffle : ce qui se trouve de l’autre coté dépasse vos espérances. Le seul roman dont je sois fier, c’est celui qui vous laisse épuisé, les mains derrière la tête et les yeux fixés au plafond , vous faisant murmurer, Seigneur, il est trois heures du matin.

JOHN, D’AURORA, CO : Pourquoi refusez-vous systématiquement les interviews télé ?
HADES SHUFFLIN : De mon point de vue, la télévision n’est qu’une machine à produire du bruit, un aquarium bruyant, dénué de toute beauté. Je ne regarde que quelques cartoon. Je ne suis pas Salinger mais je ne vois pas en quoi le fait de subir les interrogations préfabriquées d’un bellâtre inculte affligé d’un éternel et stupide sourire pourrait contribué à augmenter le chiffre de
mes ventes.

Dreamericana de Fabrice Colin

Parasites

Il y a des siècles de cela, les marins partis pour de longs voyages avaient coutume d’abandonner un couple de porcs sur toutes les îles désertes. Ou alors ils abandonnaient un couple de chèvres. Dans un cas comme dans l’autre, l’île serait à même de fournir de la viande lors de leur prochain passage. Ces îles, elles étaient vierges. Intactes. Elles abritaient des espèces d’oiseaux sans prédateurs naturels. Des espèces d’oiseaux qui ne vivaient nulle part ailleurs à la surface de cette terre. Les plantes, là-bas, sans ennemis, elles évoluaient sans épines ni poisons. Sans prédateurs ni ennemis, ces îles, c’était le paradis.
Les marins, la fois suivante, à leur retour sur ces îles, les seules choses qu’ils trouvaient encore n’étaient que des troupeaux de chèvres ou de porcs.
C’est Oyster qui raconte cette histoire.
Les marins appelaient ça « de la viande en graines ».
Oyster nous fait : « Est ce que ça vous rappelle quelque chose ? Peut être bien c’te bonne vieille histoire d’Adam et Eve ? »
Il regarde par la vitre et persiste : « vous êtes-vous jamais demandé quand est-ce que Dieu revient avec un paquet de sauce barbecue ? »

Berceuse de Chuck Palahniuk